Quels rêves charmants on fait à la campagne! En face des grands bois, devant la mer immense, tout l'être au repos se dilate délicieusement, et il n'est pas d'espérance folle qui ne le touche, ne le pénètre, ne le grise, et ne finisse par l'enlever sur son aile jusqu'aux nuages, c'est-à-dire par-delà les bornes du sens commun. Paris est si loin! et on se complaît à. oublier un moment ce Paris qui, pour les artistes de tous les arts, est l'éternelle difficulté, l'éternelle lutte, l'éternel chagrin. Il y a une douceur enivrante it ne plus se sentir sous la gueule du monstre qui vous a tant de fois fait saigner l'âme, tant de fois mordu la chair.
A Paris, je m'étais dit souvent :
« Pourquoi, moi aussi, ne tenterais-je pas le théâtre? C'est si beau. une première
représentation! » FERDINAND FABRE