Un caméristat dans le Cantal: "Allons, Pierre, me dit ma mère un soir d'automne, tu es un grand garçon maintenant, tu ne peux pas toujours courir la noisette; il te faut aller en classe." Et, après m'avoir vêtu de ma blouse neuve, de ma casquette en peau de lapin, chaussé de mes sabots garnis, elle me conduisait au chef-lieu de ma commune, à Cheylade. L'école ! c'est-à-dire l'inconnu pour moi ! Plus nous en approchions, moins je me sentais rassuré. J'avais peur du "Maître"; mes camarades en parlaient comme d'un ogre qui ne mangeait peut-être pas les enfants, mais qui ne leur marchandait pas les bourrades, et ils ne se trompaient guère. "Je vous mène un petit garçon, lui dit ma mère, et tirez, tirez-lui les oreilles. Soyez tranquille." Jamais recommandations ne fut mieux suivie. On ne nous gâtait pas dans nos familles !"...