Lorsque la religion des polythéistes ne se soutint plus que dans les villages et les campagnes, les chrétiens la traitèrent dédaigneusement de paganisme, ce qui, dans leur pensée; devait signifier « doctrine des païens », c'est-à-dire des villageois, des çampagnards, des paysans, « pagani ». Ce mot, s'il était alors de formation récente, s'appliquait toutefois à une chose fort ancienne dans le midi de la France. On sait, en effet, que cette région de la vieille Gaule fut d'abord occupée par les Ibères et les Ligures, dont le séjour dans notre pays remonte « à ces temps héroïques et fabuleux que l'on peut placer, sans erreur sensible, entre le XVe et le XIIe siècle avant notre. ère » (r). Les Phéniciens, les Grecs, les Celtes, les Romains vinrent ensuite, successivement ou simultanément, habiter les mêmes contrées, y apportant leur langage, leurs moeurs, leurs arts et leurs dieux. Ces différentes populations se fixèrent d'abord dans la Celto-Lygie, qui devint plus tard la Provence ; de là, elles se répandirent dans le reste des Gaules.