Je n'ai jamais traversé la place qui s'étend devant notre vieille Cathédrale, sans me sentir pénétré de respect pour cette ruine sans architecture qui , malgré des siècles d'outrages et de dévastations , est restée le plus cher de nos sanctuaires. A peine une des tours et quelques pans de muraille sur la façade et du côté de la cure subsistent pour attester quelle était la majesté de la mystique épouse des comtes de Saint-Gilles, de cette église qui s'élevait triomphante sur les ruines humiliées d'un temple payen et que le pape Urbain' II avait daigné consacrer de ses propres mains. Mais enfin , telle qu'elle est , et si indigne qu'elle puisse être de sen titre aux yeux des étrangers notre Cathédrale est, comme vous l'avez si bien dit, en modifiant la pensée de Reboul la vénérable aïeule de notre cité H. Là , nos pères ont formé leurs fortes convictions catholiques ; là des scènes de scandale et de profanation ont marqué sur la pierre des traces ineffaçables, destinées à transmettre à la postérité la plus lointaine le triste témoignage des excès du fanatisme ; lâ , depuis 700 ans passés , des générations se sont succédé , faisant monter vers Dieu et vers son Christ d'ardentes prières que le patronage auguste de Notre-Dame et de S. Castor devaient rendre constamment efficaces ; là enfin , nous tous , Nîmois de vieille roche , nous trouvons le souvenir de nos ayeux, les tombeaux de nos grands Evêques et la mémoire toujours jeune de cette glorieuse histoire.
L'abbé A. TASTRYIN prêtre.
Nimes , le ter août 1869.