Jean Griffoul est né en 1951 d'un père, haut fonctionnaire, d'origine auvergnate, et d'une mère issue de Dieulefit, dans la Drôme. L'un et l'autre parlaient patois ensemble quand ils voulaient ne pas être compris de leur fils. Lui faisait mine de ne rien saisir pour en apprendre le plus possible.
A la fin d'études à dominante littéraire, il devient Agrégé d'allemand, puis Docteur en Sorbonne. Sa thèse sur le philosophe allemand G. Ch. Lichtenberg démontre que ce dernier avait découvert deux cents ans avant Lacan la structure de la chaîne signifiante de l'inconscient, l'illustrant non par la bande de Moebius, comme son célèbre continuateur, mais par ses commentaires sur le peintre Hogarth et par la publication remaniée de la première version des histoires du Baron de Münchhausen, de notoriété devenue, depuis, mondiale.
Le jury se rend à ses raisons, sans lui cacher qu'il n'y aura pas de place dans l'Institution, sinon pour lui, du moins pour des idées capables de mettre à mal à un tel point les présupposés humanistes du Discours universitaire. Il donne donc sa démission de l'Education nationale et revient au pays.
Il y trouve le patrimoine de ses ancêtres en très mauvais état.
Avec l'un des héritiers de la plus notable des anciennes familles de Dieulefit, qui partage ses idées, il élabore un livre de photos anciennes. Ces démarches lui ouvriront une foule de portes et d'amitiés. Il collabore à la publication d'un recueil de chansons, « Lou chansounié de La Gleno déu Jabrou » et traduit les paroles d'un disque en hommage à son ancien complice et ami Pierre Raspail, conteur hors pair.
Mais surtout, il publie, après huit ans d'un travail obstiné auprès des derniers membres de sa famille, un Glossaire en trois tomes du « Patois » de Dieulefit, honoré en 2003 par le Prix Goudouli de l'Académie des arts, lettres et sciences de Languedoc.
L'un de ses lecteurs les plus pointus lui fait alors remarquer qu'il faut tout reprendre à zéro, en présentant le vocabulaire dans le sens du français vers la langue d'oc, et en ajoutant, au parler de Dieulefit, celui des communes avoisinantes.
N'ayant pas besoin de travailler pour vivre, libre de famille, il relève ce défi avec d'autant plus d'engagement qu'il s'agit d'une course contre la montre, à réaliser avant que les dernières sources authentiques ne disparaissent.
De fait, aujourd'hui, peu des parents, amis et voisins qui aidèrent l'auteur dans sa tâche sont encore en vie. C'est pourquoi le présent ouvrage constitue d'ores et déjà, pour la petite région dont il traite au moins, un monument irremplaçable.