Depuis la révocation de l'Edit de Nantes jusqu'à 'édit de 1787, les Protestants n'eurent pas d'état civil en France. Aux yeux de la loi leurs mariages n'avaient aucune valeur: leurs femmes étaient des concubines, leurs enfants des bâtards et leurs unions étaient privées d'effets civils. Pourquoi en était-il ainsi? Les réformés avaient-ils désobéi aux principes de la loi morale et était-ce pour les en punir qu'on agissait de la sorte? Non, l'histoire nous apprend au contraire que leurs moeurs étaient irréprochables, leurs unions honnêtes, admises par tous. Mais la loi ne reconnaissait pas leur mariage parce que, pour l'établir, ils n'avaient pas observé les formes fixées par les ordonnances pour sa validité. Pourquoi les protestants refusaient-ils de se soumettre aux lois du royaume qui réglaient la forme des mariages? C'était pour eux une question de conscience. Ils n'avaient pas la même conception du mariage que les catholiques.