Enfant du pays, né à Fougax-et-Barrineuf, je possède parfaitement le dialecte local, qui a été ma première langue apprise, et j'ai recueilli les textes dans ce même dialecte, auprès de personnes qui étaient souvent totalement illettrées et qui ne parlaient que cette langue. Ces récits ne sont donc pas frelatés. Les recueillir en français, même lorsque cela aurait été possible, m'aurait semblé une hérésie; car c'est en dialecte seulement qu'ils se sont transmis le long des siècles. Et les jolies formulettes rimées ou rythmées qui les accompagnent souvent, se trouvent grandement déflorées dans leur traduction; et ce sont elles qui leur donnent, d'ailleurs, un charme supplémentaire et qui leur accordent un brevet d'authenticité. C'est pourquoi je donne le texte bilingue: en langue d'oc, d'abord, pour les personnes qui, heureusement encore nombreuses, connaissent et pratiquent notre belle, sonore et savoureuse langue du terroir; en français, ensuite, pour les personnes qui ne seraient pas assez familiarisées avec la langue d'oc. Il me semblerait regrettable que ces contes, sur lesquels se penchent de nombreux lettrés et savants, restâssent à se morfondre d'ennui dans quelque obscur classeur. Avec mes modestes moyens d'écrivain régionaliste, ignoré à Paris, je livre aujourd'hui ces contes à mes nombreux souscripteurs et lecteurs, en leur exprimant toute ma gratitude pour leur fidélité à l'égard de mes précédentes publications, restant persuadé que celle-ci ne les décevra pas non plus.