Notre intention n'est pas aujourd'hui de tenter la justification d'aucune victime des erreurs judiciaires : nous voudrions dégager la mémoire d'un homme honorable et inoffensif de certains récits erronés qui s'attachent à elle depuis plus d'un demi-siècle, et qui menacent de ta ternir à jamais. Ce n'est pas que le nom de cet homme semblât fait pour vivre dans l'histoire; il avait du savoir et du mérite, mais il serait oublié aujourd'hui, si une méprise populaire n'avait condamné son nom à une fâcheuse immortalité. C'est de Guillotin que je veux parler, un brave et habile médecin de Saintes, qui fit partie de la commission nommée par Louis XVI, pour l'examen du mesmérisme, et qui joua honnêtement un rôle secondaire dans le grand drame de la révolution. Le malheur voulut que, dans une pensée d'humanité, il proposât â l'Assemblée nationale de substituer la décapitation aux abominables supplices jusqu'alors en usage. Depuis lors, il eut beau faire, il eut beau protester et gémir, il devint le parrain de l'horrible machine qui, de son nom, s'appela la Guillotine. A LA MEMOIRE DE COLLENOT D'ANGLEMONT, maître d'écriture pour le compte de La Cour, execute le 21 août 1792 première victime de la Guillotine...