La conquête de l'Angleterre par Guillaume le Bâtard, en 1066, créa une situation difficile et pleine de périls; le duc de Normandie était désormais plus puissant que le roi de France, son suzerain. A la vérité, Guillaume sembla éviter jusqu'au dernier moment toute guerre offensive, non-seulement parce qu'il avait besoin de consolider sa domination au milieu des Anglo-Saxons, mais afin de pas donner à ses vassaux d'Angleterre et de Normandie une occasion de se soustraire aux obligations féodales qu'il n'aurait pas lui-même respectées. Les autres monarques anglais prétendirent conserver et accroître leurs possessions continentales; les rois de France eurent à coeur de rejeter ces étrangers dans leur île. De là, des mésintelligences, des froissements d'amour-propre, des rivalités opiniâtres. Dans l'origine, la lutte de la France et de l'Angleterre n'eut pas un caractère vraiment national: il s'agissait de déterminer les limites des deux pays; c'était un débat féodal, une guerre de vassal à suzerain; le duc de Normandie, devenu roi, soutenait à main armée sa rébellion contre le roi capétien.