L'heure n'est pas encore venue d'écrire l'histoire critique de la Grande Guerre dans le département de la Meuse. Nous sommes trop prés des formidables événements, qui se sont accomplis sur notre sol, pour jouir du recul nécessaire à la nette vision de l'historien. Aussi bien les divers états-majors, français, alliés ou allemands, tarderont sans doute longtemps à nous livrer les secrets de leurs archives; s'il est vrai qu'en 1914 on corrigeait encore — en vue de l'impression — le récit des batailles de 1870.
Mais en attendant les documents, qui permettront aux historiens de l'avenir de juger, en tout état de cause, les événements de 1914-1918, il est permis — selon nous — il est même urgent, de réunir d'autres renseignements, qui ne laissent pas d'être eux aussi des témoignages de premier ordre sur la Grande Guerre. Ce sont les souvenirs de ceux qui en furent chez nous les témoins et trop souvent les victimes. Ce sont les notes de nos prisonniers et de nos réfugiés, de ceux surtout qui pendant quatre longues années vécurent dans le contact humiliant et sous le joug brutal de l'envahisseur.
CH. AIMOND
1922