Notre siècle est dit le siècle des pèlerinages ; il n'est pas le seul qui, dans l'histoire de l'Église, mérite ce nom. Pendant sept à huit siècles et plus, un pèlerinage a attiré de toutes les parties du monde des milliers et des milliers de pèlerins. Nous voulons parler du pèlerinage de Saint Jacques de Compostelle en Galice (Espagne), le plus célèbre du monde après les pèlerinages de Rome et de Jérusalem. Les foules qui, de nos jours, accourent au rocher de Massabielle, à Lourdes, peuvent seules donner une idée de celles qui, longtemps, visitèrent le sanctuaire du grand apôtre d'Espagne. "Aujourd'hui, dit M. Siméon Luce, les gens riches ou du moins aisés entreprennent seuls de grands pèlerinages pour leur instruction ou pour leur plaisir. Autrefois au contraire, les classes laborieuses, les paysans et les ouvriers des villes s'adonnaient le plus aux pèlerinages . Les pèlerinages naquirent du même esprit que les Croisades. Dans les uns et les autres on trouve les mêmes élans de piété et souvent les mêmes personnages. Si, comme l'affirment plusieurs auteurs, Charlemagne, en allant lutter contre les Maures d'Espagne, n'a pas été à Saint Jacques de Compostelle, son souvenir se trouve dans les voies par courues par les pèlerins de ce célèbre sanctuaire. M. Adrien Lavergne de son côté, dit : "Dans ces longs voyages, la vie en commun, des services réciproques établissaient des liens de vraie charité chrétienne ; la prière commune unissait les coeurs ; l'éloignement de la patrie, qui fait tant désirer de la revoir, les mêmes voeux pour le pays et pour le souverain excitaient dans les âmes les plus vifs sentiments du patrimoine ; l'horizon des esprits s'élargissait par la vue de mille objets nouveaux ; des relations se créaient de ville en ville, de province à province au profit de la civilisation".