A mon avis, le charme de cette correspondance est celui de la musique en sourdine qui l'accompagne pendant trente-trois années d'une existence à qui Dieu n'en accorda que cinquante-sept sur le cours de l'éternité ; tour à tour le désir et le regret des pins de Montauban, de même que dans l'Arlésienne les bruits de la nature, transposés par Bizet, accompagnent en sourdine les plaintes de Frédéric et les sentences du Berger. Dans ce bref mémorial de son oeuvre, de son foyer et de ses souffrances où la littérature tient peu de place, car le don qu'il avait de se mettre, comme il disait, « dans la peau des autres, » évitait à son cousin des sujets qui ne pouvaient pas l'intéresser, Alphonse Daudet est son propre musicien...