La Lorraine, duché indépendant séparant la France de l'Empire, était depuis de longues années convoitée par ses deux puissants voisins. A défaut d'une conquête ouverte qui n'eût été possible qu'à la suite de guerres sanglantes et de victoires décisives, les deux souverains rivaux cherchaient à exercer leur influence sur la petite cour lorraine dont l'intérêt évident eût. été de garder une scrupuleuse neutralité. Les populations penchaient du côté de la France : c'est du moins ce qu'affirmait. Charles-Quint dans sa correspondance avec sa sœur Marie, reine douairière (le Hongrie, gouvernante des Pays-Bas.. Christine de Danemark, veuve du duc François Ier de Lorraine, nièce de l'Empereur, était régente de Lorraine comme tutrice du duc Charles III, encore en bas âge. Cela ne suffisait pas à rassurer Charles-Quint, qui craignait de voir le roi de France Henri II « s'emparer incontinent, s'il ne fait pis, de la duché de Bar et méme des forts d'icelle et aultres des pays de Lorraine, — et en ce, ajoutait l'Empereur dans une dépêche confidentielle à sa soeur, il aura la faveur de la plus grande part des subjets dud. Lorraine, lesquels avec l'inclination que déjà. ils ont, prendront celle occasion pour se déclarer ouvertement du costel du Roy de France et pour débouter notre Nyece du gouvernement ». L'enlèvement. du petit duc Charles III, l'occupation de Metz et des Trois-Évêchés ne devaient pas tarder à justifier les craintes de Charles-Quint.