Les Valois furent intolérants et cruels envers les réformés; et en essayant de les exterminer par le fer et le feu, ils ouvrirent au flanc même de la France une plaie qui saigne encore. Le premier coupable fut François Ier, dont l'histoire traditionnelle a voulu faire un grand monarque, mais dont les vices et les faiblesses ternirent le caractère. Ce fut ce roi frivole qui décida quelle attitude la France allait prendre pour des siècles vis-à-vis de la Réforme. Ce fut ce sceptique qui, après quelques hésitations dues à l'influence de sa soeur et aux intérêts de sa politique, se jeta dans les bras de Rome et se fit l'exécuteur de ses haines contre la Réforme. De 1520 à 1534, c'est-à-dire des premiers jours du mouvement réformateur jusqu'à l'affaire des Placards, l'attitude de François Ier à l'égard des novateurs fut hésitante et variable. Tantôt il s'intéressait au mouvement religieux de Meaux, accueillait à sa cour Michel d'Arande, nommait Le Fève d'Etaples précepteur de son fils, causait piété et réforme avec sa soeur Marguerite, protégeait Berquin et Marot contre les fureurs de la Sorbonne, et faisait alliance avec Henri VIII d'Angleterre et les luthériens d'Allemagne contre le pape allié de Charles-Quint.